3 questions à… Marie Lefeuvre

Et si le yoga était une bonne voie pour conduire les ados vers l’harmonie des émotions ? À Rennes, Marie Lefeuvre, formée par Micheline Flak, fondatrice de la Recherche du Yoga dans l’Éducation, et par Christine MacArdle Oquendo, une autre grande dame du yoga pour les adolescents, explore avec eux la quête du bonheur au quotidien.

Yoga magazine : Quels sont les bienfaits du yoga pour les adolescents en pleine construction ?

Marie Lefeuvre : Dès le début de l’année, ils arrivent stressés par la pression scolaire, celles de leurs parents, de leurs amis, de leur smartphone auquel ils sont arrimés. La séance devient l’un des rares moments où on ne leur demande aucune performance, où on leur renvoie que tout ce qu’ils font est bien.

Prévoyez-vous des séances particulières pour répondre à leurs attentes, ne pas lasser cette génération de zappeurs ?

Nous abordons rapidement la respiration simple et alternée, qu’ils captent très facilement. Ils peuvent ensuite s’en servir pour s’endormir, poser leur concentration, calmer le jeu quand tout s’emballe en eux.

À cet âge, le regard de l’autre est particulièrement important. Dans un premier temps, je propose des postures assises ou couchées pour qu’ils ne se regardent pas. Puis à deux pour ressentir le corps de l’autre, apprendre à rire ensemble. Avant de passer, au bout de deux ou trois mois, aux postures debout, les yeux ouverts.

Je suis toujours surprise par leur aisance à pénétrer dans l’imaginaire poétique. Aussi, je me sers souvent de récits pour guider l’enchaînement des postures, visualiser l’histoire dans chacune. Je ne leur demande pas de tenir longtemps chaque asana, mais avec rigueur. Et celle-ci n’est possible que parce que j’instaure toujours un temps d’échange, au début ou en fin de séance, pour leur permettre de ressentir comment l’émotion s’impacte dans le corps. Je suis souvent émue en observant qu’ils n’ont pas appris à identifier leurs qualités, ni à lire la joie, la tristesse… en eux et chez les autres. Nous pouvons alors avoir des échanges très riches sur le bonheur au quotidien et à quels indices on le reconnaît.

La fabrication de mandalas avec ce que l’on a sous la main fonctionne aussi particulièrement bien. Chacun rebondit sur le travail de l’autre, en l’enrichissant. C’est l’occasion d’expérimenter ensemble, en silence, pleinement concentrés. Et le résultat est toujours magnifique.

Comment les convaincre de se lancer ?

À un âge très narcissique, le meilleur argument est probablement de leur dire : « C’est une bonne manière d’être plus toi-même, de te consacrer un moment juste pour toi. » Les plus convaincants sont leurs amis qui pratiquent déjà. Et l’idéal serait, bien sûr, de les initier dès l’école.

 

Propos recueillis par Nelly Bétaille.

www.ateliers-yoga.fr

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