L’activisme sacré, une nouvelle façon de s’engager

Désireuses de favoriser des liens plus respectueux à soi et à ce qui nous entoure, Claire Garin et Pauline Magnat ont fondé Le Bûcher, un espace bienveillant où viennent s’entremêler activisme, spiritualité et conscience. À travers ce collectif, le duo nous insuffle les valeurs de l’activisme sacré, afin de revenir à un équilibre des forces.

Que ce soit pour l’égalité entre les femmes et les hommes, pour l’écologie ou contre le racisme, comment s’engager sans perdre ses valeurs ? Comment se battre pour ce qui nous tient à cœur sans se laisser submerger par la colère, la fatigue ou le désespoir ? Pour Claire et Pauline, la réponse tient en deux mots : l’activisme sacré. Les deux femmes organisent en novembre une retraite sur ce thème. Ou comment construire un monde meilleur en cultivant sa présence.

Yoga magazine : Comment est né le Bûcher ?

Claire et Pauline : L’idée du Bûcher est venue de manière organique. Au départ, Claire enseignait le Qoya, une pratique de mouvement très liée au féminin. À la suite d’une séance, elle a eu la vision de fonder une école qui diffuserait des savoirs, qui proposerait des retraites et qui serait co-créée avec différentes personnes. Elle a alors contacté plusieurs femmes de son entourage, dont Pauline, toutes emballées par l’idée, alors qu’elles ignoraient de quoi il s’agissait. Au même moment, Pauline venait de quitter son travail et s’intéressait beaucoup aux thématiques autour de l’activisme. C’est comme cela qu’elle a été introduite à l’activisme sacré. Un terme qui a très vite réuni nos deux visions. On cherchait à faire quelque chose inspiré de l’intuition. Essayer de ressentir un projet qui commence à travers nous et non de la volonté de notre ego. Ainsi, nous avons lancé le Bûcher :  un collectif où notre objectif n’est pas de changer le monde, mais de nous aider collectivement à l’imaginer radicalement différent.

Pourquoi ce nom ?

Il y a beaucoup de métaphores autour du Bûcher. Tout d’abord le bûcher c’est là où l’on brûle l’ancien, comme les anciens paradigmes ou ce qui ne nous sert plus. Le feu symbolise l’alchimie du nouveau. Le bûcher, c’est aussi là où l’on se rassemble : c’est l’image de la communauté, de la collectivité. En français ce nom a une connotation négative, on l’associe à la chasse aux sorcières. Donner ce nom à notre collectif était aussi l’occasion de nous réapproprier ce qui, à la base, était un outil pour ces femmes, avant qu’on ne les brûle dessus.

Que signifie s’engager en conscience ?

S’engager en conscience est l’une des facettes de l’activisme sacré.  Comment peut-on mettre plus de conscience dans ce que l’on fait ? Comment peut-on s’assurer que nous ne sommes pas en train de partir d’une colère brute qui est individuelle ? De quel endroit est-ce que ça part ? De mes peurs ou de mon cœur ? Comment cet endroit que je nourris pour moi peut se projeter suffisamment loin pour que tout le monde en bénéficie ? Cela peut se traduire par le fait de ramener des pratiques activistes et des luttes sociales dans les pratiques spirituelles. Finalement, s’engager en conscience, c’est relier l’activisme dans une vision ancrée dans plus de connaissance de soi, plus de lien avec la terre.

Cette manière de s’engager se base notamment sur un nouveau rapport au repos. Pourquoi ?

Une des valeurs avec laquelle nous travaillons repose sur le fait de prendre le temps, et de prendre ce temps pour pouvoir ressentir vraiment. Au-delà du bien-être, s’autoriser à ralentir, c’est ce qui permet de faire de la place pour des nouvelles pensées. En changeant notre relation au temps, on peut changer notre relation aux choses. Il s’agit d’une forme d’activisme très fort. C’est plus dur que cela en a l’air, car on doit affronter la peur de ne pas être suffisant, de pas être productive ou hyperactive. Nous devons apprendre à ralentir pour faire de la place à un certain nombre de réflexions que nous n’avons pas forcément envie d’avoir.

Faut-il développer davantage le féminin dans l’activisme ?

Nous pensons qu’aujourd’hui le masculin est largement développé, voire un peu trop. Nous le portons tous de manière démesurée. Dans une vision d’équilibre, nous avons plus besoin de développer le féminin que le masculin. Or, la manière dont on s’engage en écoutant la terre, notre corps, les gens autour de nous… est une essence plus féminine.

Un conseil pour renouer avec notre féminin ?

Le premier conseil réside autour du repos. Comme nous le disons souvent, l’énergie du féminin se trouve dans le fait de ressentir. Et cela n’arrive que lorsque l’on ralentit. Ralentir, c’est s’autoriser à ressentir. Il est aussi important de mettre son corps en mouvement. En mouvement, nous accédons à un plus large panel de ressentis. Et puis, il y a bien évidemment les rituels :  comment je me connecte à la terre ? À quelque chose de plus grand que moi ? À l’invisible ? Tout cela va venir développer notre intuition et notre relation collective.

Retrouvez le Bûcher sur Instagram. À découvrir en ce moment dans notre hors-série Yoga au féminin : l’écoféminisme, le féminin sacré, les cercles de femmes, des rituels et plus encore…

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