Les dix règles d’or du yoga

Voici en détail - pour compléter le beau poster offert avec Yoga magazine n°23 - les dix règles d’or du yoga pour vivre heureux et serein. Un best of du yoga, en quelque sorte…

Ces dix règles d’or sont issues de trois textes constitutifs de la philosophie yogique. Dans ses Yoga Sutras, Patanjali décrit en détail les préceptes du yoga qu’on appelle yamas et niyamas, et qui forment la base de toute la pratique du yoga. S’ajoute à cela le Hatha yoga pradipika, texte le plus ancien sur le sujet du Hatha Yoga – ou yoga physique – et qui porte surtout sur la préparation du corps à la méditation. Pour finir, nous avons puisé dans ce qui est peut-être un des plus beaux livres de toute l’histoire de la littérature, la Bhagavad Gita, qui porte sur l’importance du karma et de l’action juste. Ces règles existent depuis des siècles mais restent d’une étonnante actualité. Parcourez-les puis essayez de les adapter à votre vie quotidienne : un excellent premier pas vers une vie de yogi en or – équilibrée, sereine et bienveillante.

1.

Nous respirons en moyenne seize à vingt fois par minute. Mais saviez-vous que nous respirons beaucoup plus rapidement lorsque nous sommes agités ou inquiets ? Le souffle affecte l’esprit, mais l’esprit affecte aussi le souffle – voilà pourquoi la respiration tient un rôle central dans les cours de yoga. Ralentissez consciemment votre respiration et vous sentirez le calme vous envahir.

D’après Yogi Bhajan – le maître qui a fait connaître le Yoga Kundalini en Occident – se limiter de huit respirations par minute permet déjà de se détendre. En passant à quatre respirations par minute, on régénère l’esprit en le faisant passer dans un état méditatif. Enfin, une respiration par minute optimise la connexion entre hémisphère cérébral gauche et hémisphère cérébral droit, ce qui libère l’esprit de ses peurs et de ses soucis.

Pause

Comment ça fonctionne ? Chaque respiration peut être considérée comme un cycle complet : l’inspiration, l’expiration et la pause entre les deux. Cette pause est considérée comme la phase la plus importante de la technique respiratoire connue sous le nom de kumbhaka – ou rétention du souffle. La pause désactive temporairement les impulsions nerveuses qui transmettent des messages à votre cerveau. Plus vous retenez votre souffle, plus il y a du temps entre ces impulsions et les réponses du cerveau. Vous remarquerez que votre esprit s’apaise et s’éclaircit : vous voyez les choses plus clairement et vous éprouvez plus de facilité à rester fidèle à vous-même. Atman – terme sanskrit à l’origine du mot « respiration » dans certaines langues – signifie littéralement « le Soi ». En respirant correctement, vous serez plus à même d’être à l’écoute de votre soi le plus profond.

Plus d’énergie

En yoga, on utilise le terme pranayama pour décrire les différents exercices respiratoires, mais en réalité, ce mot signifie bien plus que ça. Prana, c’est la force vitale que l’on contrôle à l’aide de son souffle. Quant à ayama, cela signifie « expansion ». Lorsque vous respirez de manière consciente, votre souffle ralentit naturellement et votre prana – ou vitalité – augmente. D’après les yogis, un souffle plus long mène à une vie plus longue. Certains jurent même qu’on dispose d’un certain nombre de respirations à la naissance, et qu’en les faisant durer le plus longtemps possible, on rallonge sa durée de vie.

Conseils

  • Plusieurs fois par jour, prenez le temps de respirer de manière consciente. Posez les mains sur le ventre et envoyez votre souffle dans l’abdomen. Vous avez peur d’oublier ? Programmez un rappel sur votre portable.
  • Rallongez progressivement la durée de votre souffle. Commencez par respirer avec régularité. Ensuite, concentrez-vous sur l’expiration en la faisant durer, par exemple, deux fois plus longtemps que l’inspiration. Et enfin, insérez des pauses entre l’inspiration et l’expiration, que vous ferez durer de plus en plus longtemps.
  • Vous pouvez aussi compter le nombre de fois que vous respirez. Pour cela, réglez un minuteur à trois minutes, concentrez-vous sur votre souffle et comptez le nombre d’inspirations et d’expirations durant cette période. Notez-le. Si vous faites régulièrement cet exercice pendant plusieurs semaines, vous verrez que votre souffle ralentira de lui-même.

2. Méditez

« La méditation ne sert à rien, affirme le moine zen Steve Hagen. On ne médite pas pour assouvir un désir, pour devenir quelqu’un d’autre, pour découvrir de nouvelles choses ou pour obtenir un bénéfice. »

Méditer (dhyana en yoga) signifie simplement être présent, ici et maintenant. C’est ce que l’on fait en se concentrant sur son souffle, en comptant le rythme de sa respiration ou en récitant un mantra en silence. Il s’agit principalement de rester assis, immobile, et de se recentrer à chaque fois qu’on se laisse distraire. Mais voilà bien le noyau du problème : les pensées ont tendance à bondir de toutes parts comme des sauterelles. Vous venez à peine de vous asseoir, et vous pensez déjà au linge qu’il faut plier, vous sentez vos orteils s’engourdir et vous essayez d’ignorer la mouche qui vole autour de votre tête. Malheureusement, votre esprit sait très bien jongler entre plusieurs tâches. Et rester immobile, tel un Bouddha, lui semble terriblement ennuyeux. Mieux vaut alors s’inspirer de l’écrivain néerlandaise Geertje Couwenbergh, qui dit : « on s’ennuie tellement quand on reste assis, silencieux et concentré sur sa respiration, qu’ensuite, tout semble nouveau, merveilleux, intéressant et joyeux. » Autrement dit : l’impact de cet « état d’ennui » est énorme !

Par exemple, plusieurs études scientifiques ont montré que lorsqu’on médite, le cerveau se met à émettre des ondes alpha. Ce sont les mêmes ondes qu’il émet lorsqu’on est sur le point de s’endormir, parfaitement détendu. Le métabolisme ralentit et la température corporelle et la pression sanguine baissent. Méditer régulièrement active également une région de l’hémisphère cérébral gauche liée au bonheur et à la détente. « En méditant, l’esprit agité se repose sur le coussin du souffle, déclare le célèbre moine zen bouddhiste Thich Nhat Hanh. Émerge alors naturellement un sentiment de calme et de détente. »

Conseils

  • D’après les maîtres yogis, le meilleur moment de la journée pour méditer se situe entre quatre et six heures du matin – mais l’important, c’est surtout de trouver le moment qui vous convient le mieux, à vous.
  • La meilleure position pour méditer : assis, en tailleur, sur un coussin de méditation ou sur une chaise. Asseyez-vous dos droit et menton légèrement rentré.
  • Concentrez-vous sur votre souffle ou sur le bout de votre nez. Comptez de 1 à 10 ou répétez un mantra.
  • Méditez régulièrement, mais sans mettre la barre trop haut : commencez par dix minutes, puis augmentez progressivement la durée de la séance. Si un jour, vous n’avez pas le temps faire une séance complète, contentez-vous d’une minute – c’est déjà bien.
  • Vous avez du mal à rester immobile pendant si longtemps ? Dans ce cas, commencez à pratiquer la pleine conscience d’une autre manière : en mangeant avec toute votre attention, par exemple. À chaque bouchée, mâchez longtemps et méthodiquement. En étant parfaitement attentif à ce que vous faites, vous êtes déjà en train de méditer.

 

3. Soyez satisfait

« Savoir se contenter de ce que l’on a, constitue le plus haut degré de bonheur » – Sutra II.42

Le contentement – ou santosha – est un des préceptes du yoga (niyamas). C’est un concept dont l’interprétation peut être très libre. Il inclut l’idée de « paix », et c’est justement ce vers quoi tendent les yogis : un sentiment permanent de paix intérieure. Tous les jours, des situations vous affectent : vous prenez peur en voyant votre enfant traverser la rue en courant ; vous vous sentez trahi lorsque quelqu’un vous fait faux bond à un rendez-vous, le désaccord avec votre patron vous garde éveillé depuis des semaines… À chaque fois, c’est la même chose : des évènements sur lesquels vous n’avez aucun pouvoir vous atteignent et vous coûtent de l’énergie. En vous perturbant ainsi, ils vous empêchent de vous tourner vers l’intérieur. Rien de mal à tout cela, c’est la vie, tout simplement. Et personne ne maîtrise parfaitement sa vie.

Le yogi cherche à transcender ses émotions pour rester calme en toutes circonstances. Tel un Bouddha rieur qui regarde sereinement droit devant lui et contemple tout de manière imperturbable, dans un état de contentement suprême. Quand vous aurez atteint ce même état, vous serez indifférent aux plaisirs personnels et à votre confort, vous serez satisfait de tout ce qui se passe dans votre vie – que ce soit positif ou négatif.

Dites oui à tout

Ce contentement s’apprend. La règle principale est de n’avoir aucune attente. Pas d’attentes des autres personnes, ni par rapport aux conséquences de vos propres actions (par exemple, ne vous attendez pas à être remercié pour vous être occupé du chat des voisins pendant trois semaines). Ce qui ne veut pas dire qu’il faut se résigner à tout ce qui arrive. Il s’agit plutôt de ne pas vous laisser dominer par vos émotions, mais de parvenir à les contrôler. Ressentez votre colère (une émotion bien différente de la « paix intérieure » tant espérée), acceptez-la, observez-la et sachez que vous devrez agir en conséquence – mais toujours avec compassion. S’il est nécessaire de changer les choses, essayez de le faire. Si ça ne marche pas, acceptez-le.

Santosha est, en quelque sorte, un plaidoyer pour une vie en pleine conscience. Car toute votre vie, tout ce dont vous avez besoin, se trouve uniquement dans l’instant présent. Et les épreuves font partie de la vie, elles aussi. Ce qui n’est pas toujours facile à accepter. Mais il faut essayer, et dire oui à tout ce qui se présente. Abandonnez-vous à la vie. Ou comme l’a dit le philosophe chinois Lao Tseu : « Savoir se contenter de ce que l’on a, c’est être riche. »

Conseil

L’insatisfaction est par définition une chose négative. Alors essayez de suivre le principe de pratipaksha bhavanam : c’est-à-dire transformez les pensées négatives en pensées positives. Chaque fois que vous avez une pensée négative à propos de quelque chose ou quelqu’un – cette personne possède un objet qui vous fait envie, par exemple – essayez d’y opposer une pensée positive – en passant en revue tout ce que vous possédez déjà, par exemple.

 

4. Vivez selon votre dharma

Dans la Bhagavad Gita, le guerrier Arjuna décide de déposer les armes lorsqu’il réalise qu’il doit combattre contre des membres de sa propre famille. Mais son maître Krishna l’incite à ne pas déclarer forfait : « Si tu ne remplis pas ton devoir, qui le fera ? Tiens-toi prêt et fais ce qu’on attend de toi. Ne sois pas lâche. » Krishna aide Arjuna à trouver son dharma – ou chemin de vie. Le dharma, qu’on traduit aussi par « action juste », est le devoir qu’on doit remplir dans sa vie, avec un dévouement total. Mais si l’on n’a pas de maître, comme Arjuna, pour nous guider, comment déterminer son dharma, comment découvrir son propre chemin de vie ?

Étude de soi

Plus vous vous connaissez, plus proche de vous vous restez, et plus vous serez capable de déterminer ce qui vous convient et ce qui ne vous convient pas. Ce qui vous aidera à rester fidèle à vous-même, et vous indiquera le chemin de votre dharma. Le quatrième précepte yogique, svadhyaya, se traduit par « étude de soi ». Svadhyaya vous aide à détecter vos tendances et modes de comportement qui vous bloquent. Cela se fait par le biais de la méditation, mais aussi en prenant le temps de réfléchir à chacune de vos actions. Vous pénétrez ainsi au cœur de votre propre être – un des buts premiers du yoga. Chaque fois que vous faites quelque chose, demandez-vous si c’est vraiment ce que vous voulez faire, à cet instant précis : est-ce que je veux vraiment sortir avec mes amis, ou est-ce que j’ai plutôt envie de me retrouver seul ? Est-ce que j’ai vraiment envie de passer les vacances avec mon père ? Restez fidèle à vous-même, sans blesser les autres, et vous serez déjà sur la bonne voie.

 

Conseil

En utilisant votre esprit de manière concentrée ou ciblée, vous ferez de meilleurs choix. Pour atteindre cet état de focalisation, pratiquez régulièrement japa – ou « méditation avec mantra murmuré » : il s’agit de répéter un mantra pendant une certaine durée de temps. Vous pouvez réciter Aum, mais vous pouvez aussi créer votre propre mantra. Pour cela, déterminez un objectif que vous souhaitez atteindre. Par exemple : « Je suis bienveillant » ou « Je suis patient ». Répétez régulièrement cette phrase au cours de la méditation.

 

5. 

La non-violence – ou ahimsa – est un concept important en yoga. On pense tout de suite à Mahatma Gandhi, ce leader politique indien qui entraîna son peuple dans une rébellion non-violente. Mais cette définition est plutôt limitée. Car Ahimsa ne concerne pas seulement la violence physique, mais toutes les formes – même les plus subtiles – de violence : dire du mal, jaser, ignorer quelqu’un, faire passer ses désirs avant ceux des autres… Ahimsa implique aussi de ne pas tuer d’animaux, et donc d’adopter une alimentation végétarienne. « Faite preuve de compassion trois fois par jour, en refusant de manger de la viande » conseille Sharon Gannon, cofondatrice du Jivamukti yoga. Autrement dit ? Ne faites de mal à personne, par vos paroles par vos actes, ou même par vos pensées. « Si quelqu’un est installé dans la non-violence, autour de lui, l’hostilité disparaît » peut-on lire dans le Sutra II.35.

Mais rien n’est absolu – c’est ce que rappelle Swami Dayananda, enseignant indien de Védanta : « Dans certaines situations, il faut sacrifier satyam – la véracité – ou ahimsa – la non-violence – au profit du bien-être général. » En effet, impossible de rester en retrait lorsqu’on voit un vieil homme se faire détrousser ou un enfant se faire maltraiter. Et mieux vaut ne pas dire obstinément la vérité lorsqu’on voit le compagnon de sa meilleure amie avec une autre. Le juste milieu ? Agissez selon votre conscience, et toujours avec compassion.

 

Conseil

Vous êtes empêtré dans un conflit ? Faites une pause et prenez mentalement vos distances. On dit souvent qu’il faut compter jusqu’à dix quand on est en colère – mais vous pouvez aussi vous concentrer sur votre souffle, vous placer en Chien tête en bas ou aller faire une promenade méditative. En prenant vos distances, vous développez buddhi – c’est-à-dire votre faculté de discernement. Ce n’est qu’ainsi que vous verrez les choses avec clarté, et que vous pourrez plus facilement rester calme et réagir de manière non-violente.

 

6. Pratiquez vos asanas

« La posture doit être stable et confortable » – Sutra II.46

En Occident, on considère surtout le yoga comme une activité physique. Mais à l’origine, les exercices de yoga physiques servaient surtout à apprendre à maîtriser son corps, de manière à pouvoir rester immobile durant de longues séances de méditation. Ce qui peut sembler paradoxal : on fait travailler le corps, afin de pouvoir l’oublier par la suite. Le Hatha Yoga Pradipika, le plus ancien texte sur le sujet du Hatha Yoga, ne décrit que douze postures. Et seules quatre de ces postures sont cruciales, selon l’auteur, Swami Svatmarama. On le devine, ce sont les postures de méditation. Swami Svatmarama dit même : « Si tu atteins la perfection en Siddhasana, à quoi sert de pratiquer les autres asanas ? »

Parce que le yoga assouplit, renforce et préserve la santé du corps – voilà ce qu’on pourrait répondre. Sans oublier que « le yoga apaise le système nerveux » comme l’affirme le professeur de yoga Max Strom, à propos de la pratique des asanas. « Quand on y arrive sur le tapis de yoga, on est plus à même d’y arriver aussi dans la vie quotidienne. On se sent mieux dans sa peau et on accumule moins de tensions et de négativité. On se tient différemment et on vit de manière plus détendue. »

Ne pas forcer

Voici quelques conseils à ne pas oublier. Tout d’abord, acceptez les limites de votre corps. Ne vous forcez pas à pratiquer une posture que vous trouvez difficile ; prenez plutôt le temps de la maîtriser progressivement – même si ça vous prend des années. L’intention avec laquelle vous pratiquez vos asanas est plus importante que la pratique elle-même. Restez à l’écoute de votre corps, et respectez ce que vous arrivez à faire, à cet instant précis. Seule exception : si vous avez tendance à laisser tomber dès qu’une posture vous pose problème. Cela veut probablement dire que vous avez du mal à relever les défis dans tous les domaines de votre vie. Dans ce cas, n’hésitez pas à vous montrer un peu plus tenace sur le tapis de yoga.

Une autre règle d’or du yoga : privilégiez les postures douces quand vous êtes surmené et stressé dans la vie. En faisant une séance facile et agréable, vous serez plus à même de relever les défis par la suite.

Quoi que vous fassiez, faites-le avec attention et application. Tenir une posture pendant quelques instants en respirant posément est déjà une forme de méditation. Autrement dit : faites vos exercices, et le reste suivra automatiquement. Sur le tapis et en dehors.

Extrait du Hatha Yoga pradipika (XVe siècle):

I.15 Il y a six causes qui détruisent le yoga : manger avec excès, faire des efforts trop violents, les bavardages inutiles, l’adhésion scrupuleuse à des règles, la fréquentation de gens « ordinaires », l’instabilité (l‘esprit instable).

I.17 Les asanas rendent le corps stable, sain et ses diverses parties légères.

 

7. Soyez discipliné

L’artiste Lucian Freud – aujourd’hui décédé – était célèbre pour sa discipline de fer. Tous les matins, il se mettait au travail dans son atelier dès huit heures – sans exception. À 26 ans, sa fille, l’auteure Esther Freud, décide de se mettre à écrire trois heures par jour, quotidiennement. « Cette décision a changé ma vie, explique-t-elle. Car j’ai pris moi-même cette décision, j’ai endossé cette responsabilité. » On a tendance à voir la discipline comme une chose stricte et ennuyeuse. Et pourtant, sans discipline, aucun tableau, aucun livre, ne serait jamais achevé.

À court ou à long terme ?

En vous fixant des objectifs, vous entretenez votre discipline et vous régulez votre énergie. Pour cela, la patience, l’ordre et la persévérance sont des piliers fondamentaux. En vivant ainsi, vous vous sentirez plus positif et plus créatif. Vous changerez votre manière de voir les choses – car on agit souvent dans le but d’être satisfait le plus vite possible. Exemple ? Vous aimez boire un verre de vin, mais vous avez décidé d’arrêter pendant quelque temps, en espérant obtenir un regain d’énergie. Cela fait une semaine que vous n’avez rien bu, et là, on vous invite à un apéritif. Ni une ni deux, vous vous servez un verre, et là, vous vous laissez complètement aller. Au début, la sensation d’enivrement est plaisante, mais très vite, vous regrettez. Si vous aviez commencé par boire un verre d’eau et aviez retardé l’assouvissement de ce désir d’alcool, vous auriez peut-être réussi à ne pas céder, ce qui vous aurait procuré une plus grande satisfaction que ce verre de vin. En ménageant une pause entre le désir et son assouvissement, vous développez votre sens de l’autodiscipline. C’est cette pause qui vous permet de rester vigilant.

 

Ne soyez pas dupe de vous-même

La plupart des gens abandonnent vite leurs résolutions, car leur ego fait preuve d’une grande imagination pour leur trouver des excuses. Vous avez un objectif en tête ? (Disons : intégrer le yoga à votre vie quotidienne). Alors ne vous laissez pas aveugler par votre ego. Chaque fois qu’il vous propose une excuse pour ne pas tenir cet objectif – « Je ne peux pas faire mes exercices, la maison est dans un état… », ou « Je suis fatigué, je vais d’abord regarder un peu de télé avant de dérouler mon tapis », posez-vous la question suivante : est-ce que ce choix va vraiment me satisfaire à long terme ?

Vous verrez qu’avec un peu de discipline, vous irez plus loin, parce que vous utiliserez votre énergie de manière très ciblée. Il existe un outil employé en yoga pour développer son sens de la discipline, c’est Mouna, ou silence. Faites ce que vous avez à faire en silence, et vous verrez que votre esprit se laisse moins facilement distraire.

Conseils

  • Passez du temps dans un ashram ou partez en retraite dans un monastère, et vivez au même rythme que les moines – leur sens de la discipline est très aigu.
  • Prenez une résolution – telle que ne pas boire, bouger tous les jours, ne pas manger de viande, vous lever de bonne heure pour méditer – et déterminez une période durant laquelle vous allez tenir cette résolution – une semaine, ou trois mois par exemple.

8. Ne vous attachez pas

« Le savoir est plus important que l’exercice, mais la méditation est plus importante que le savoir. Ne pas être attaché aux résultats de ses actions est plus important que la méditation, car c’est ce renoncement qui conduit instantanément à la paix. » nous dit la Bhagavad Gita.

Vivre détaché est un important principe yogique et digne d’efforts. Vous imaginez peut-être le détachement total à un ascète émacié couvert d’un pagne, qui médite sur un rocher dans l’Himalaya. Pas simple d’intégrer ce concept à nos modes de vie occidentaux. Pourtant, pas besoin de faire des choix extrêmes pour vivre dans le détachement. Alors comment réconcilier un vœu de renoncement et une vie moderne et active ?

Étape numéro 1 : ne pas s’attacher, c’est d’abord se détacher des choses matérielles. En s’attachant à un objet, on se met à craindre sa perte. Voilà comment naissent toutes les souffrances. Le problème n’est pas la possession, mais plutôt la manière dont on gère sa relation avec ses possessions. Votre voiture est-elle simplement un moyen de transport pour vous, ou êtes-vous aux petits soins, par peur de la moindre égratignure ? Le renoncement porte également sur les choses que l’on fait – c’est ce qu’on appelle Aparigraha en yoga, ou renoncement à la fortune. C’est le fait de n’avoir aucune attente, aucun désir. Comment s’y prendre ? En pratiquant le Karma Yoga – c’est-à-dire le yoga de l’action désintéressée – dans la vie quotidienne. Par exemple, vous faites les courses pour votre voisin malade, même s’il n’a jamais rien fait pour vous. Mettez votre ego en mode veille, faites ce que vous faites avec plaisir, et soyez indifférent au résultat. Voilà les bases du renoncement.

 

Conseils tirés du Karma Yoga

  • Vivez le plus sobrement possible. Ce que vous ne possédez pas ne peut pas être perdu.
  • N’accordez aucune importance aux résultats de vos actions.
  • Faites votre travail avec plaisir, comme s’il s’agissait d’un jeu. On travaille généralement avec un résultat ou une intention en tête, alors qu’on joue pour le simple plaisir de jouer.
  • Ne vous identifiez pas à votre travail. Vous n’êtes pas médecin, vous travaillez en tant que médecin.
  • Observez tout ce que vous faites comme un simple témoin extérieur, comme si ça n’avait rien à voir avec vous. La voix de votre ego finira par se faire plus discrète dans tous vos agissements.
  • Faites preuve d’un dévouement total dans votre travail – ce qu’on appelle Bhakti Yoga, ou yoga du dévouement. Certains consacrent leurs actions et leurs pensées à un dieu ou à un gourou particulier, mais vous pouvez simplement choisir d’accomplir toutes vos tâches avec une attention et un dévouement total.

 

9. Vivez dans l’amour

« Chaque action génère une force qui revient vers nous telle qu’elle a été mise en œuvre. Ainsi, nous récoltons ce que nous avons semé » affirme le penseur Deepak Chopra dans Les sept lois spirituelles du yoga.

Il s’agit du karma, que beaucoup de gens voient comme un synonyme de destin – une chose qu’on se contente de subir. Et pourtant, rien n’est moins vrai. Le karma, cela signifie que tout ce que vous pensez et tout ce que vous faites revient vers vous tel un boomerang. Si vous rayonnez de joie, d’amour et d’enthousiasme, ces choses reviendront à vous : le karma est un éloge de la bienveillance. Vous obtiendrez un bon karma en faisant preuve de compassion, d’humilité et de tolérance, et un mauvais karma, en agissant avec convoitise, égoïsme et cruauté. Vous ne vous sentez pas concerné ? Pourtant, c’est bien de mauvais karma qu’il s’agit lorsque vous râlez longuement contre la personne qui vous précède dans la file d’attente du supermarché. Ou lorsque vous vous permettez de rabrouer un proche sans raison. « Celui qui abandonne sa colère et développe sa compassion deviendra beau » a dit Bouddha. « Celui qui se montre généreux envers les autres deviendra riche. Car plus il donne, et plus il recevra. »

Dès maintenant, vous pouvez faire le choix de vivre par amour. Un premier pas tout simple : adoptez un regard positif sur les gens et les choses qui vous entourent. Ayez l’esprit ouvert quand vous regardez les gens – à commencer par vous-même. Prenez conscience de tous les jugements que vous portez sur vous-même : « Je suis trop bavard », « Mon nez est tellement laid », « Voilà, j’ai encore tout fait rater ». Inversez votre regard et rendez-le plus clément. Dites-vous que les pensées sont plus fortes que les actes. « Le but du yoga, c’est de se débarrasser de la carapace dont nous avons entouré notre cœur » déclare le professeur de yoga Max Strom. « C’est se reconnecter au monde. Au début, on se sent vulnérable et mal à l’aise, mais en s’ouvrant aux autres, on finit par établir une connexion profonde. »

Conseils pour cultiver un bon karma

  • Soyez conscient des choix que vous faites : réfléchissez avant d’agir. Et agissez toujours avec le cœur.
  • Ne jugez ni les autres ni vous-même.
  • Apprenez à vous connaître, vos qualités comme vos défauts, et aimez-vous tel que vous êtes.
  • Soyez positif.
  • Faites preuve de bienveillance dans la vie.

 

10. Lâchez prise et vivez l’instant présent

Imaginez la situation suivante : vous vous promenez sur la plage. Un beau soir d’été, vous admirez la mer s’embraser au soleil couchant. Vous restez là, immobile, ébahi par ce phénomène miraculeux. Et vous vous dites que c’est une expérience que vous ne voudrez jamais oublier ! Dès lors, vous poursuivez votre promenade en espérant que le phénomène se reproduira. Vous déambulez pendant des kilomètres, mais à votre grande déception, la mer ne s’illumine pas de nouveau. Alors que vous étiez un promeneur parfaitement comblé, c’est maintenant la déception et la frustration qui dominent. Vous êtes devenu aveugle à la beauté qui vous entoure dans l’instant présent – au sable, aux vagues, à l’air salé.

Tout le monde espère que les plus belles expériences se répéteront. Et d’après le théosophe Krishnamurti, c’est une source de souffrance. Car l’esprit vit cet instant de bonheur et se met à penser : Comme c’est beau, il faut que je retienne cette expérience, que je la revive, encore et encore. Résultat ? On finit par souffrir de l’impossibilité de la chose, car jamais ces moments ne se renouvelleront exactement de la même façon. En bouddhisme, on appelle ça : « la souffrance de l’éphémère ». Le bouddhisme nous dit que les problèmes n’existent pas, mais qu’on se les crée soi-même dans son esprit. Voilà pourquoi lâcher prise, ce n’est pas juste évacuer ses mauvais souvenirs, mais aussi ses plus beaux. Cela veut-il dire qu’on ne peut profiter de rien ? Bien sûr que si ! Au contraire, profitez à fond de l’instant même, car la vie, c’est maintenant. Et parfois, vous pourrez regarder en arrière et profiter de ce souvenir comme d’une belle photo. Tout change en permanence, et il est bon de l’accepter : c’est la vie ! Vous pourrez ainsi vous concentrer sur ce qui est, ici et maintenant.

Conseil

Essayez l’exercice respiratoire très simple qui suit : asseyez-vous, dos droit, yeux fermés et concentrez-vous sur votre souffle. Inspirez par le nez sur trois temps, et expirez sur six temps. Si vous trouvez ça facile, essayez d’inspirer sur quatre temps et d’expirer sur huit temps. Et ainsi de suite. Vous doublez la durée de l’expiration – et c’est en expirant qu’on lâche prise et qu’on crée de l’espace pour les nouvelles choses.

Poster offert avec Yoga magazine n°23 actuellement en kiosque.
Texte : Christel Jansen, Illustrations : Deborah van der Schaaf
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