Yoga Girl, la yogini qui porte bien son nom

Sur Instagram où elle cumule plus de 2 millions d’abonnés, on la connaît sous le nom de Yoga Girl. Mais Rachel Brathen est bien plus qu’une star du hashtag #yoga. Nous avons rencontré la Suédoise de 30 ans sur l’île caribéenne d’Aruba, où elle vit, enseigne le Yoga Vinyasa et redéfinit la générosité à l’ère du 2.0.

Comment avez-vous découvert le Vinyasa Yoga ?

Je faisais de la méditation quand on m’a conseillé le yoga car je souffrais de douleurs chroniques dans le dos. J’ai commencé par l’Ashtanga, avant de me diriger vers le Hatha restauratif. Cela m’a pris deux ans avant de pouvoir faire du Vinyasa, à cause de ces douleurs de dos.

 

Vous dites faire du yoga « every damn day », chaque fichu jour. Qu’est-ce qui vous motive dans cette pratique régulière ?

Ma santé ! Si je cesse de pratiquer, je le ressens immédiatement dans mon corps : je souffre du dos, je suis fatiguée, plus stressée… Me sentir en bonne santé est ma plus grande motivation.

 

Quelle est votre posture préférée ?

Elle varie. Mais la Demi-chandelle, les jambes relevées contre un mur, est une de mes préférées de tous les temps. Excellente pour le bas du dos, elle vous accompagne quoi qu’il arrive. Je l’ai beaucoup pratiquée pendant ma grossesse.

 

Quelle est votre séquence de référence lorsque vous avez très peu de temps ?

La Salutation au Soleil, car elle crée un flowagréable, elle échauffe les muscles en douceur et elle a toutes les composantes indispensables : la Torsion arrière, la Pince, le travail de la colonne vertébrale. C’est une séquence équilibrante.

Vous parlez du tapis de yoga comme d’un environnement propice à la guérison. En quel sens ?

En dehors du tapis, le mental passe tous vos problèmes au microscope. De ce regard plein de jugement que vous portez sur vos soucis naît la souffrance. Le tapis est l’espace où le mental se transforme en corporel, où vous passez du “penser” au “ressentir”. Vous êtes pleinement présent, et non pas enfermé dans votre tête à ressasser vos problèmes – alors la guérison peut commencer. La douleur émotionnelle se loge partout dans le corps : la colère et la frustration ont tendance à se loger dans les hanches, le deuil et la tristesse vont dans le cou, le sentiment d’être submergé se retrouve dans les épaules… En travaillant sur ces parties du corps, vous pouvez vous libérer de vos émotions, et vice versa : si vous travaillez sur vos émotions, cela détendra les parties du corps correspondantes. Faite avec une intention, la pratique peut être une vraie prise de conscience.

 

Justement, parlez-nous de l’intention…

Avoir une intention, c’est se demander : quelle est la “raison d’être” de ma pratique aujourd’hui ? Trouver l’équilibre, être en paix avec quelque chose, lâcher prise ? Votre intention peut aussi être de transpirer et de passer un moment fun, pas besoin d’être trop sérieux tout le temps ! Mais il se trouve qu’on libère beaucoup d’émotions pendant la pratique du yoga ; je vois souvent des élèves pleurer pendant Savasana,par exemple. Donc il est tout à fait bon de dérouler son tapis avec une intention en lien avec son état émotionnel, pas simplement une envie physique.

 

Vous êtes très présente sur les réseaux sociaux mais ne manquez jamais de rappeler l’importance de l’authenticité. Est-ce compatible ?

L’authenticité, c’est très important. On ne partage que les “bons” moments sur les réseaux sociaux, et c’est normal puisqu’on veut tous montrer nos meilleurs côtés. Mais c’est dangereux, surtout pour les jeunes utilisateurs qui passent leur vie dans ce monde virtuel. Regardez les réseaux sociaux comme eux les regardent : vous aurez l’impression que tout le monde a une vie absolument parfaite, vous ne verrez que des gens épanouis et heureux qui vivent des aventures formidables… mais ce n’est pas vrai. Même la personne la plus heureuse du monde a parfois un nuage gris au-dessus de la tête, sinon elle ne serait pas aussi heureuse le reste du temps. Je voudrais dire aux jeunes que, oui, vous pouvez montrer vos émotions, vous pouvez être tristes et en parler… Ne mettez pas un masque de joie sur votre visage tous les jours si c’est du toc.

 

Votre mantra est : « Fais confiance à la vie, elle te mènera là où tu dois aller. »Mais ne faut-il pas être proactif dans la construction de son futur ?

Eh bien, il faudrait pouvoir trouver le bon équilibre entre les deux. Je pense à ce mantra lorsque je suis face à un challenge, que je doute et que je me remets en question :« Pourquoi suis-je là ? Quel est le but de tout cela ? » Si vous passez par un moment douloureux ou s’il vous arrive quelque chose de terrible, un peu plus tard, avec du recul, vous y repenserez et verrez combien cette épreuve vous a fait grandir. Il y a toujours de la beauté dans les épreuves, mais on ne le réalise que bien plus tard. Si vous pouvez garder ce mantra dans votre cœur, même pendant les moments difficiles, vous verrez que vous retrouverez la confiance.

 

Comment créer la vie dont on rêve ?

Encore une histoire d’équilibre ! Entre d’un côté se décider sur une belle intention, méditer dessus, la visualiser, et de l’autre, travailler dur. Beaucoup de gens ne font que l’un ou l’autre, ils travaillent, travaillent, travaillent et se retrouvent démunis lorsqu’un beau jour ils se posent la question : « Mais au fait, pourquoi suis-je là ? »Il est bon d’avoir une intention aimante et positive – pour autant, vos rêves ne vont pas se réaliser simplement parce que vous êtes assis en Lotus.

Qu’est-ce qu’un mode de vie conscient ?

Vous pouvez appliquer un lifestyleconscient à bien des aspects de votre vie. Pour moi, cela signifie, d’un point de vue émotionnel, ne pas réagir au quart de tour, ne pas tout vivre de manière dramatique, en étant fâchée, en hurlant dès qu’il m’arrive un pépin… J’essaie d’être consciente de mes émotions, et d’être présente pour mon entourage. Et deuxièmement, on peut aussi être conscient de ses choix de vie, de ce que l’on consomme, de ce que l’on jette – « Y a-t-il une raison à cela ? Est-ce que cela crée de l’énergie positive ou négative ? »

 

Parlez-nous de vos activités…

Avec mon mari, nous avons fondé Sergent Pepper’s Friends, un refuge pour les animaux, ici à Aruba, nous en recueillons de plus en plus tous les jours, et 100 % d’entre eux finissent par trouver une maison.

Nous avons créé 108, une plateforme digitale. C’est comme Netflix, mais pour le yoga : vous emportez votre yoga et votre méditation partout avec vous. On a de super profs qui font des vidéos pour ce site, c’est une vraie communauté.

Et enfin, il y a 109, notre fondation. Le principe : des retraites qui mêlent yoga et travail communautaire, autour de sept causes qui nous tiennent à cœur. Dernièrement, nous sommes partis au Nicaragua pour aider un village à avoir l’eau courante. Pendant une semaine, nous avons creusé et installé des tuyaux sous un soleil de plomb… Nous avons soutenu un orphelinat en Lituanie et un camp de réfugiés en Grèce. En août dernier, nous voulions aller au Congo avec un hôpital qui soutient les femmes victimes d’agressions sexuelles, mais la situation y est trop dangereuse en ce moment. À la place, la retraite a été organisée en Suède. Il y avait des conférences et des ateliers autour des droits des femmes, avec bien sûr du yoga. Tous les bénéfices ont été versés à cet hôpital au Congo.

 

Quels sont vos prochains projets ?

Le podcast (From the heart, conversations with Yoga Girl)marche bien, ce qui est super. Je vais bientôt terminer mon deuxième livre. Celui-ci sera sur le deuil et la douleur, et comment nous pouvons utiliser l’adversité pour générer quelque chose de positif. Et ici, au studio, tous nos projets de retraites sont très excitants ! J’adorerais ouvrir de nouveaux studios à Stockholm, dans le reste de l’Europe et aux États-Unis.

Propos recueillis par Marie-Hélène Juneja, photographie : Ben Kane
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