Comment avez-vous commencé le yoga ?
Cela s’est passé vers 2006 à Paris, je cherchais une activité pour me détendre l’âme et le cerveau parce que j’avais un tempérament un peu agité et hyperactif. J’ai commencé dans un centre qui s’appelait Canal central, juste à côté de chez moi dans le 10ᵉ arrondissement. C’est là que j’ai découvert le Vinyasa, les Salutations au soleil ainsi que la maîtrise de la respiration. Cela m’avait beaucoup plu mais j’ai fait une pause. J’ai vraiment repris le yoga à la faveur d’une rencontre extraordinaire, il y a 7 ans, avec Valeria Rossi qui est professeure de yoga Iyengar à l’Atelier yoga à côté de la place de Clichy. Ce fut une révélation. Je sortais à l’époque d’une hernie discale très sévère, et le yoga m’a permis de me remuscler en profondeur. Je constate que je n’ai plus de problème de dos depuis. Je pratique le yoga deux fois par semaine, le lundi et le mercredi matin. Je tenais vraiment à caler mes cours de yoga en semaine pour ne pas empiéter sur mon temps familial en week-end.
Votre posture favorite avant d’aller à France Inter ?
Il y a trois positions qui me viennent à l’esprit. J’aime bien la posture du Chien tête en bas, Adho mukha svanasana, car elle est toujours très efficace et faisable partout et facilement. Sinon, une position que je trouve très déstressante, la Viparita karani [Demi-chandelle], ou alors Sirsasana [Équilibre sur la tête] qui apaise le cerveau, notamment grâce à la circulation sanguine. J’ai bien appris à l’exécuter, on la tient 10 minutes avec ma professeure.
Votre recette la plus yogique ?
Je pense que c’est le kitchari. C’est une recette végétarienne traditionnelle indienne, très emblématique du régime ayurvédique que vous connaissez sûrement. On y retrouve des haricots mungo, du riz basmati, beaucoup de cardamome, du poivre, du cumin, du fenouil, de la coriandre, du curcuma, donc beaucoup d’antioxydants. Personnellement, j’adore cette recette, elle me fait beaucoup de bien. J’ai grandi dans une éducation très portée sur l’alimentation à base de légumes et fruits, et le kitchari, c’est vraiment un ragoût de légumineuses absolument parfait.
Le plat que vous ne proposerez jamais à votre prof de yoga ?
La porchetta. C’est une poitrine de cochon que je roule et garnis de pignons, parmesan, olives et roquette. Je la ficelle et l’enfourne pour quatre heures à 150 °C. La viande ressort tendre et délicieuse, mais c’est un plat de viandards en effet !
Votre lieu de ressourcement préféré ?
Depuis maintenant 5 ans, je fais une retraite avec ma professeure Valeria Rossi durant la semaine du 14 juillet. Elle organise depuis plusieurs années une semaine de stage de yoga dans un couvent à Vico en Corse. C’est un programme de six à sept heures de pratique du Pranayama par jour, entrecoupé de très bons menus végétariens et de baignades en rivière. Les fameux trous d’eau fraîche corse. C’est un peu mon rituel annuel, je prends beaucoup de plaisir à le faire et c’est très ressourçant. En plus, le cadre est exceptionnel, c’est calme, silencieux, l’air est pur.
Le mantra qui vous accompagne quand vous cuisinez ?
Alors, ce n’est pas un mantra particulièrement yogique mais j’aime bien avoir un fond sonore quand je cuisine. Je peux écouter la radio, mais ça m’arrive plus souvent de mettre de la musique d’ambiance. J’aime bien les musiques instrumentales du monde, plutôt apaisante. Pour moi, la musique c’est en quelque sorte la gastronomie des oreilles.
Un maître (ou un prof) qui vous inspire au quotidien ?
J’admire énormément Valeria Rossi, elle a eu le courage de me prendre dans ses cours alors qu’il n’y avait plus du tout de place. J’ai été dans un cours de yoga avancé, alors que je venais à peine de débuter, et elle m’a guidé avec patience et bienveillance pendant 7 ans. Elle me secouait, m’encourageait dans le but de me faire progresser. Elle m’a vraiment ouvert les yeux sur une pratique qui m’est vitale à présent. Aujourd’hui, nous sommes amis, car nous partageons une passion commune qui est la Corse. On se voit très régulièrement pendant les vacances d’été et d’hiver, car nous y habitons tous les deux.
Qu’est-ce que le yoga vous apporte ?
Avant tout, un profond sentiment d’apaisement et plus de confort et de solidité corporels. À tel point que si je rate le yoga, dans des circonstances exceptionnelles, je ressens la différence, parce que le yoga c’est à la fois de l’énergie, de la tranquillité, et cela m’aide à affronter les aléas du quotidien avec plus de recul. Quand je fais du yoga le matin, les effets peuvent durer entre 24 heures et 48 heures. En fait, je sens tout ce que le yoga m’apporte quand je n’en fais pas.
Quelque chose qui vous agace dans le yoga ?
Alors, ce n’est pas quelque chose qui m’agace… les chants du yoga je les connais phonétiquement, mais je n’ai pas accès à toute leur dimension spirituelle. Pour l’instant, je prends le yoga comme une forme de technique corporelle et je n’ai pas encore pris le temps de creuser cet aspect-là. Donc, ce n’est que cela m’agace mais tout ce corpus spirituel et mystique m’intimide.
Recettes & Récits,
François-Régis Gaudry,
Marabout, 384 pages,
novembre 2023
Propos recueillis par Céline Dupuy